1er Épisode: La Langue des Skywalkers - Mohawk

Kahnawake est une communauté mohawk située sur la rive sud du fleuve, en face de la métropole québécoise. On nous raconte comment la langue mohawk, dans ce cadre urbain, a traversé les années malgré l’influence marquée des deux langues officielles européennes. C’est aussi l’histoire de ces célèbres travailleurs de l’acier qui ont réussi à préserver leur langue en l’utilisant dans leur milieu de travail. Par ailleurs, nous explorons des nouveaux concepts d’enseignement de la langue pour les jeunes et moins jeunes de cette communauté.

1ière Partie

Les Mohawks de diverses communautés sont réputés à travers le monde pour leur habileté à travailler à des hauteurs vertigineuses. C’est pourquoi on les appelle les “skywalkers.” Parmi les plus célèbres constructions auxquelles ils ont participé, nous retrouvons, à New York, le World Trade Centre ainsi que le pont de Brooklyn et à Montréal, les ponts Mercier et Victoria. Le travail de l'acier est, encore de nos jours, une source importante de revenu pour bien des familles de Kahnawake. Un aspect peu connu des “skywalkers" est que leur langue de travail était le Mohawk.

Nous vous présentons Billy TwoRivers, historien et ancien travailleur de l’acier. Il nous explique que les Mohawks ont toujours travaillé dans leur langue et si un nouvel arrivant ne savait pas parler mohawk, il devait l’apprendre. C’est ainsique, d’une génération à l’autre, les “skywalkers" ont joué un rôle déterminant dans la préservation de leur langue.

Nous ferons aussi la connaissance d'un groupe de travailleurs de l'acier retraités: les Albany, Frank W. Nolan, Thomas Albany ainsi que Robert Diabo. Ils font partie des personnes maîtrisant le mieux la langue mohawk à Kahnawake. Par des photos et des films d’archives, ils nous montrent comment ils ont participé à la sauvegarde de leur langue.

Toutefois, même si la communauté de Kahnawake a été prospère grâce au travail des "skywalkers," certains facteurs incontrôlables ont contribué au déclin de la langue mohawk. L'usage plus fréquent de l’anglais, l’invasion de la télévision, les changements dans les milieux de travail et les écoles ainsique l'emprise de la loi sur la langue française ont bientôt fait de diminuer l’usage du mohawk, même parmi les “skywalkers.” Ce n’est que dans les années “70 que la communauté a réalisé que la langue mohawk serait sérieusement menacée s’il n’y avait pas des mesures concrètes entreprises pour la protéger.

billy two rivers2e Partie

C’est pour des raisons tant sociales que politiques, que la communauté de Kahnawake a commencé à revendiquer ses droits au sujet de la langue mohawk.En 1977, la loi 101 faisait du français la seule langue d’enseignement au Québec.
Bill Two River nous explique comment les Mohawks s’y sont opposés en retirant leurs enfants des écoles publiques. La communauté de Kahnawake a alors pris en charge son système d’éducation.

Une école nommée “The Kahnawake Survival School” (L’école de survie de Kahnawake) fut créé dans le but d’offrir aux adolescents de niveau secondaire une série de cours sur la langue et les traditions mohawks. Dans les années qui suivirent, d’autres programmes d’immersion furent mis sur pied, comme celui de l’écoleKaronhianonha où des enfants agés d'à peine 2 ans apprennent le mohawk. Mais les parents de ces enfants ont grandi dans une période où la langue était en déclin. C’est la raison pour laquelle “The Language Centre” (Centre Linguistique) a été créé. Il aide iron workersdonc à colmater la brèche linguistique entre les deux générations en offrant des cours du soir de mohawk aux adultes.

Nous ferons la connaissance de Lawrence Francis, un ancien travailleur de l’acier qui enseigne au centre. Il nous parle desdifficultés d’enseigner lemohawk aux adultes en comparaison avec l’enseignement aux enfants. Nous prendrons aussiconnaissance de la situation actuelle et des objectifsfuturs des autres défenseurs du mohawk.

Bien qu'à travers les années la communauté ait développé des programmes d’immersion pour les enfants, ce n’est pas le cas pour les cours aux adultes. Enfait, l’élaboration des cours aux adultes en est à ses premiers balbutiements. Néanmoins, Lawrence et d’autres défenseurs du mohawk croient fermement que la langue survivra, comme elle l’a fait depuis l’arrivée des Européens, grâce aux multiples programmes linguistiques qui sont mis en oeuvre à Kahnawake.

language keeperGardien de La Langue

Dorothy Lazore est professeur de mohawk diplômée en linguistique et en enseignement des langues.
Elle a participé activement au développement du programme d’immersion de Kahnawake. Elle enseigne actuellement au primaire et au secondaire à Tyendinaga. Elle nous confie ses réflexions.